Giverny | Sentier du Lézard Vert
UNE PELOUSE EN TRAVAUX
Abandonnée, la pelouse*, comme celle située à votre droite, est peu à peu gagnée par des arbustes comme l’Aubépine et le Prunellier. Le Conservatoire des Sites Naturels de Haute-Normandie a donc entrepris de faire pâturer des moutons à cet emplacement afin de freiner l’invasion par les broussailles. Néanmoins, des actions complémentaires d’arrachage ou de coupe de ces arbustes sont nécessaires pour conserver et restaurer cette pelouse calcaire. Ce type de milieu est riche en orchidées comme l’Orchis pourpre ou l’ORCHIS MOUCHERON, et en plantes caractéristiques comme la petite fleur bleue du POLYGALA DU CALCAIRE. Sur votre gauche, les jeunes arbres alignés sont des GRIOTTIERS, proche du MERISIER SAUVAGE. Cet alignement d’arbres fruitiers laisse à penser qu’un verger a été planté à cet emplacement. Sur les coteaux, les griottiers étaient souvent greffés sur les PRUNUS MAHALEB ( appelés aussi Crisiers de Sainte-Lucie), bien adaptés au sol calcaires et secs.
LES VIGNETTES
Cette parcelle, qui se nomme « Les Vignettes », est un ancien vignoble ayant été cultivé pendant plus de 1000 ans. Cela peut paraître étonnant mais la culture de la vigne, initiée par les moines, était autrefois répandue en Haute-Normandie. D’ailleurs, à Giverny, certaines parcelles de terres plantées de ce précieux arbrisseau appartenaient à l’Abbaye de Saint-Wandrille. L’orientation particulière des coteaux permettait cette culture nécessitant chaleur, faible humidité et sol caillouteux. les raisins, ceuillis en septembre-octobre, servaient à produire un vin de qualité inégale, le CAILLOUTIN, qui se rapprochait d’un pinot et que Claude Monet appréciait. On produisait également le « VERJUS », utilisé en cuisine, lorsque les grappes n’arrivaient pas à maturité. Aujourd’hui disparus, ces vignobles ont laissé place à des prairies ou ont été abandonnés et progressivement gagnés par les broussailles. Quelques traces de ces cultures particulières sont encore observables. Ainsi, en plus des quelques pieds de vignes qui subsistent le long du chemin que vous venez de parcourir, certaines plantes compagnes des vignobles sont encore présentes : le MUSCARI à toupet ET MUSCARI ATLANTIQUE, qui font partie de la famille des Liliacée* ou l’AIL DES VIGNES. ces plantes sont capables de résister à des labours répétés grâce aux réserves contenues dans leurs bulbes et bulbilles.
LE PLATEAU BOISE
Vous parcourez un bois dominé par deux essences ligneuses* : le CHENE PEDONCULE et le NOISETIER. Ce type de boisement recouvre spontanément les coteaux après abandon des activités agricoles. Plus loin, vous trouverz le Charme, le Hêtre et le Houx, signes d’un sol plus acide. Sur ce chemin vous surprendrez peut-être quelques-uns des habitants de cette formation boisée : l’ECUREUIL ROUX, le RENARD, le PIC EPEICHE ou le GEAI DES CHÊNES, corvidé* craintif au cri rauque. Volant parmi ces arbres, on peut apercevoir des groups de mésanges. Après la reproduction, les MESANGES BLEUS, les MESANGES CHARBONNIERES et les MESANGES A LONGUE QUEUE forment des bandes pouvant atteindre une centaine d’individus. Cela leur permet de s’avertir si l’une d’entre elles voit de la nourriture ou perçoit un danger tel qu’un prédateur.
DES PIERRES ET DES FRUITS
Vous pouvez voir ici et sur le chemin que vous avez emprunté, des tas de silex. Ces monticules ne sont pas naturels mais résultent de l’action de l’homme. En effet, les coteaux étaient régulièrement epierrés, en particulier pour la culture de la vigne : les silex étaient enlevés à la main et transportés en dehors des cultures, où ils étaient disposés en tas, appelés « MURGERS ». Les arbres ont ensuite colonisés ces tas de pierres : la gégétation est assz différente de celle que vous venez de quitter. Il s’agit d’un bois de reconquête, plus dense et touffu, dominé par les Cornouillers mâles et Cornouillers sanguins. Ces arbres doivent leur nom à leur bois très dur comme de la corne. Le Cornouiller mâle pouvait être utilisé de diverses manières : le bois servait pour la confection des manches d’outils, et les fruits, au goût légèrement acidulé, pour la fabrication de confitures. Quant aux baies du Cornouiller sanguin, on s’en servait autrefois pour lutter contre la fièvre. Mais ne les goûtez pas : elles sont toxiques.
LA PRAIRIE MAIGRE DE FAUCHE. Cette parcelle, menacée par les ronciers et les aubépines, a été récemment restaurée par débroussaillage et pâturage par les moutons. Son entretien se fait maintenant par fauchage. Ce type de prairie doit son nom au fait qu’elle donne peu de foin. La graminée* prédominante, le FROMENTAL, est accompagnée de plantes telles que les CENTAURÉES, LOTIERS, CAMPANULES, MELAMPYRES des champs et la rarissime OROBANCHE POURPRE. Toutes ces fleurs donnent à cette prairie un aspect très coloré, allant du jaune au bleu, en passant par le mauve.
UN TALUS ENSOLEILLÉ
Un talus, comme celui qui borde ce chemin, constitue une frontière entre deux milieux. Un grand nombre d’espèces animales et végétales y trouvent refuge. Elément structurant d’un paysage, le talus est cependant menacé de disparition, tout comme les haies. La voix de la raison dicterait pourtant de remettre en place ces talus, qui permettent de retenir la terre encas de forte pluie, limitant ainsi le risque de coulées boueuses et l’érosion des sols. Le Lézard Vert apprecie ce type de talus ensoleillé. Peut-être aurez-vous la chance de le voir ou du moins de l’entendre fuir à votre approche. fréquent dans le sud de la France, il est plus rare dans notre région qui constitue la limite nord de son aire de répartition. A la saison des amours, le mâle est reconnaissable à sa gorge teintée de bleu vif. ce reptile se nourrit surtout d’insectes et boit l’eau de rosée sur la végétation. il s’agit d’un animal à sang froid, qui doit lézarder longuement au soleil pour accumuler de la chaleur et augmenter sa température corporelle. Il hiverne dans un terrier à partir d’octobre-novembre et en ressort vers mars-avril. Un autre habitant fréquente ce type de formation : il s’agit d’une araignée PISAURA MIRABILIS reconnaissable à sa ligne jaune dorée sur le dos, qui chasse dans la végétation basse. Elle a un comportement particulier et original : le mâle, pour séduire la femelle, lui apporte une proie entourée de soie, comme cadeau de mariage. Une fois fécondée, la femelle porte un cocon blanc sous son thorax. Quand les oeufs sont près à éclore, elle suspend le cocon à la végétation et tisse autour de lui une toile en forme de tente pour abriter sa progéniture. puis, la mère monte la garde aux alentours de ce nid jusqu’à ce que ses petits se dispersent.